« Le Monastère de Qozhaya est la principale maison de l'Ordre de Saint Antoine (..)

Du haut du monastère on jouit de la vue de la vallée, qui est admirablement bien cultivée ; le blé, la vigne, l'olivier, le mûrier surtout, y prospèrent et embellissent tous les coteaux.

Ces religieux partagent leur temps entre la prière et la culture de la terre (..)

Cette vallée n'était pas assurément dans l'état prospère où elle se trouve aujourd'hui : c'était un désert.

Si l'on y voit la plus belle culture, c'est au travail infatigable de ces religieux qu'elle est due ; ce sont eux qui ont embelli et fertilisé ces montagnes incultes, inhabitées : fût-il jamais de fortunes plus légitimement acquises ? »

 

Mgr. Mislin, Les Saints Lieux,

(tome I, 3e édition, Paris, 1876, p. 411)

 

 

 

 

Monastère de Saint Antoine de Qozhaya

 

Dédié à Saint Antoine le grand, et décoré du beau nom de "trésor de vie" (« Qozhaya »), c'est, après celui de Qannoubine, le plus célèbre des couvents de la Vallée sainte. Il est également le seul à abriter une communauté monastique toute l’année.

On ignore par qui et à quelle époque il fut fondé. Son existence est attestée en l'an mille, et il est certain que les grottes qui l'entourent servirent très tôt de refuges à plusieurs ermites.

En 1440, lorsque le patriarche maronite dut se réfugier à Qannoubine, plusieurs moines l’aidèrent en s’installant au monastère de Qozhaya, lequel fut agrandi à cette occasion pour les accueillir.

Détruit au début du XVI° siècle par des pillards chiites, il fut reconstruit aux frais de la famille Samrani de Smar Jbeil. Sa restauration fut achevée en 1544. Il ne comprenait alors que les lieux communautaires, les moines dormant dans les grottes voisines.

C'est là que, malgré l'interdiction des Ottomans, fut créée en 1610 ou en 1585 la première imprimerie du Proche-Orient.

 

 

 

 

 

Monastère Saint-Antoine de Qozhaya

 

L’Ordre Libanais Maronite

 

 

Le nom

 

Il est d'origine syriaque et signifie "Le trésor de la vie".

 

- Ce trésor est le Christ Lui-même qui représente pour le moine, la nécessité d'abandonner les biens de ce monde afin de vivre en présence de Dieu dans la prière et le détachement.

- La vie, ici, c'est aussi l'abondance d'eau qui vivifie une nature majestueuse toujours verdoyante, signe de félicité et de développement.

 

 

Le site

 

Le Monastère de Saint Antoine est situé dans la vallée de Qadisha ou "Vallée Sainte", site historique du Liban marqué du sceau de la foi et de la sainteté. Le monastère est érigé dans la vallée de Qozhaya (d'où son nom) que prolonge celle de Qannoubine, l'ensemble constituant "La Qadisha", surplombée par les villages d'Ehden et de Bcharré.

Situé à une centaine de kilomètres au Nord de Beyrouth, à 900 mètres d'altitude, le monastère est accessible :

- par la route de Chekka-Ehden qui traverse les localités d'Amioun, de Tourza et d'Aarbet-Kozhaya ;

- par la route de Chekka-Bcharré qui se dirige ensuite vers Ehden, localité avant laquelle on empruntera la bifurcation de Hawqa.

Entouré de collines couvertes de cèdres, de chênes et de pins, le monastère domine la vallée où sont cultivés tous genres de légumes et d'arbres fruitiers dans des jardins irrigués par de nombreuses sources.

Au-dessus du monastère, s'étagent des terrasses aménagées en jardins grâce à l'effort séculaire et inlassable des moines et des habitants métamorphosant un site de rochers en pentes fertiles qui s'élèvent jusqu'aux Cèdres, symboles du Liban.

 

 

L’Histoire

 

- Du Ve siècle à 1708

L'origine du monastère remonterait au début du Ve siècle, époque où la vie monastique s'est répandue en Orient. À partir du Moyen Age, certains témoignages historiques attestent de l'importance du monastère.

- En l'an du Seigneur 1154, le Patriarche Jean El-Lehfedi, demeurant au Monastère Notre-Dame d'Elige, dépêche le moine Isaïe du Monastère de Qozhaya au Monastère St-Jean de l'Île de Chypre, l'y nommant Supérieur.

- L'on trouve dans les archives du monastère un titre d'achat d'un terrain remontant à l'an 575 de l'Hégire, soit l’an 1179 du Seigneur.

- Dans la Bulle adressée en 1215 au Patriarche Jérémie d'Amchit, le Pape Innocent III y déclare que le Monastère de Qozhaya est le premier siège épiscopal maronite.

 

- De 1708 à nos jours

L'évêque Youhanna Habkouk lègue le Monastère Saint Antoine de Qozhaya à L'Ordre Libanais Maronite le 5 juillet 1708, sous le supériorat du Père Général Abdallah Qara'aly. Cet Ordre est alors fondé par trois jeunes alépins : Gabriel Hawa, Abdallah Qara'aly et Youssef El-Betn auxquels se joint, par la suite, GerFarhat. Le patriarche savant Étienne EI-Doweihy en approuve les Statuts du 18 juin 1700.

Ledit monastère devient la résidence du Supérieur Général, en égard à son importance historique, ecclésiastique et sociale. Son Supérieur ne cesse de jouir de ce droit de préséance dans les cérémonies religieuses.

 

Ses murs témoignent de la croissance, de la prospérité de l'Ordre et de son expansion dans tout le Liban. Le monastère devient la référence principale de l'OLM, qui est appelé "L'Ordre de Qozhaya".

Parmi les moines célèbres qui l'ont fréquenté : Saint Némétallah el-Hardini, et Saint Charbel. À une certaine époque, deux cents moines y vivaient. De cette communauté se détachent les monastères Saint-Georges-Achache, Saint-Antoine-Jdéideh, Notre-Dame-de-la-Délivrance-Bsarma et Saint-Antoine-Chekka, etc.

Les propriétés du monastère ont augmenté grâce au labeur assidu des moines et des fermiers. Renommé pour ses dons et sa générosité, le monastère est devenu la demeure et l'abri de l'étranger, du nécessiteux, du pauvre comme du pèlerin. Ne le désigne-t-on pas encore aujourd'hui par l'expression : "Père des dons" ? Et n'associe-t-on pas encore aujourd'hui aux remerciements la formule : "Que Dieu rende Qozhaya prospère" ?

Durant la première guerre mondiale, les moines du monastère se sont endettés de plus de douze milles livres-or et ont même vendu certaines parcelles, propriétés du monastère, pour venir en aide aux nécessiteux qui s'adressaient à eux continuellement.

 

Parmi les patriarches et évêques qui ont vécu à Qozhaya, citons :

 

Patriarches :

 

Moussa El-Akkari 1524-1567

Mikhaêl El-Rizzi 1567-1581

Sarkis El-Rizzi 1581-1597

Youssef El-Rizzi 1597-1608

Youhanna Makhlouf 1608-1633

 

Évêques :

 

Jibraîl El-Ehdeni

Youssef El-Jaji

Youssef El-Bassloukiti

Sarkis El-Rizzi (c’est à son époque, en 1610, qu’est installée la première imprimerie en Orient au monastère de Qozhaya).

 

 

Les lieux

 

Le Monastère

 

Le Monastère de Qozhaya tient une place privilégiée dans la conscience des chrétiens et des musulmans venus de toutes les régions, même lointaines, sollicitant guérison et grâce divines, et cherchant tranquillité de conscience. Il est le monastère du pèlerin.

 

Le monastère fut construit en trois étapes :

 

1 - La grotte, du IVe au Xe siècle

Avant l'installation des maronites au Liban, le Monastère de Qozhaya était une grotte naturelle creusée dans la roche, et dont les percées, qui donnent sur la vallée, sont alors bouchées par la pierre et la boue.

 

2 – L'ancien monastère, du Xe au XIXe siècle

Un monastère géant collé aux roches est construit, et il n'en reste, de nos jours, que les voûtes souterraines.

 

3 - Le monastère actuel, du XXe siècle

L'actuel monastère est édifié sur les fondations de l'ancien monastère.

 

 

La Grotte

 

La grotte naturelle, située au pied de la montagne de Qozhaya, est censée s'étendre en montant jusqu'à Ehden. C'est un lieu saint très fréquenté, notamment par les personnes psychologiquement ou mentalement fragiles. Elle est célèbre au Liban et en Orient pour les guérisons miraculeuses qui y ont lieu.

 

L’Église

 

L'église du monastère est l'œuvre commune de la nature et de l'homme : grotte naturelle taillée dans le roc, ses pierres roses sont trempées dans le plomb et non dans la chaux. Dans la partie supérieure de sa façade, une série d'arcades repose sur douze bases roses, s'appuyant sur des bancs de cuivre. Sa façade est travaillée avec simplicité et beauté. Elle est surmontée de trois clochers. Il est à noter que le clocher central est composé d'une pièce de roc formée de trois anneaux incrustés dans une seule pièce.

 

 

Les Environs

 

 

- Les ermitages

 

La vie ascétique connaissait un grand essor dans la vallée de Qozhaya. Les ermites y vivaient dans des cellules taillées à même le roc. Le Monastère Saint Antoine de Qozhaya constituait un foyer de vie cénobitique où se réunissaient, une fois par semaine, les ermites de la vallée, sous l'autorité d'un évêque.

 

Autour de ce foyer, se répandaient les ermitages de Saint Simon, Bichoy, Michel et Boula. Ce dernier connaît une histoire remarquable. Situé au sud-ouest du monastère, il est fondé en 1716 par le Père Abdallah Qara'aly, l'un des fondateurs de l'Ordre Libanais Maronite. Son entourage est parfumé par les prières d'une multitude d'ermites. Il est souvent fréquenté par Saint Charbel Makhlouf, le Saint du Liban qui rendait visite à ses deux oncles ermites, Augustin et Daniel El-Chidiac de Bcharré, avant son entrée dans l'Ordre.

 

- Le Monastère de Notre-Dame de Hawqa

 

Fondé en 1283 sur le versant nord de la Vallée de Qannoubine, il est le siège de la première école maronite.

 

- La grotte de Youssef Bey Karam

 

 Située sur le haut flanc du côté nord-ouest du monastère, elle porte le nom de Youssef Bey Karam, héros libanais du XIXe siècle, qui y trouve asile durant l'insurrection qu'il dirige contre le Moutassarref Daoud Pacha.

 

- Medinat El-Rass

 

 Elle se situe au-dessus de l'ermitage Saint Boula, sur la cime d'une montagne surplombant la mer, la plaine du Koura, la région de Batroun et la plaine d'Akkar. Ses vestiges datent de l'époque romaine.

 

 

Bibliothèque, imprimerie & musée

 

 

La bibliothèque

 

La bibliothèque du Monastère Saint Antoine de Qozhaya est considérée comme l'une des plus célèbres bibliothèques au Liban et en Orient. Elle fait de plus référence pour les recherches historiques sur l’Église maronite et sur le Liban, avec son fonds unique de manuscrits et d’imprimés rares – physiquement transféré à l'Université Saint-Esprit de Kaslik, pour que les documents y soient traités, préservés et mis à la disposition des étudiants et des chercheurs.

 

L’imprimerie

 

C'est la première et la plus ancienne en Orient. Certains historiens font remonter son installation au monastère à l'an du Seigneur 1585. Le premier texte imprimé que nous possédons est le Livre des Psaumes, actuellement à la bibliothèque de l'Université Saint-Esprit de Kaslik, qui date de l'an du Seigneur 1610, et composé avec des caractères syriaques. Plusieurs livres liturgiques et religieux sont imprimés au monastère, notamment le Missel, à la fois en caractères syriaques et karchouni, ainsi que le livre des Épîtres, le Bréviaire, le Martyrologue etc.

(Pour comprendre l’importance historique de cette imprimerie en Orient, les Européens doivent imaginer la difficulté de maîtriser les savoirs techniques liés à la typographie, la maîtrise des langues anciennes – latin, grec, araméen, syriaque.. - et modernes – et parmi celles-ci, du français, de l’arabe, etc. ; ainsi que la mission monastique elle-même, qui utilise ces précieux livres pour propager la connaissance des textes sacrés.)

Au début du XIXe siècle, l'Ordre maronite rénove l'imprimerie et lui réserve un emplacement connu, de nos jours, sous le nom de "Maarama".

Au début de la guerre de 1860, l'imprimerie cesse de fonctionner, reprend en 1871, puis cesse définitivement en 1939. L’ensemble de ses pièces est exposé aujourd’hui au musée du monastère.

 

Le Musée

 

Des objets religieux et des habits sacerdotaux, dont certains sont des cadeaux diplomatiques de rois et de chefs d'État, côtoient des témoins de la vie artisanale monastique - ustensiles en argile et outils agricoles anciens.

 

 

La vie monastique

 

La vie au monastère est une vie de recueillement, de prière et de contemplation.

 

La messe quotidienne et l'office divin y ont lieu trois fois par jour. Le dimanche, et les jours de fête, quatre messes y sont célébrées l'avant-midi.

Des groupes de prêtres, de moines et de laïcs viennent fréquemment pour des retraites spirituelles : les vastes salles et les cinquante chambres du monastère se prêtent parfaitement à l'accueil de groupes importants.

Le dernier moine du monastère à mener aujourd’hui un vie solitaire est le père Dario Escobar, qui occupe l’ermitage de Notre-Dame de Hawqa, ancien monastère.

 

Le travail agricole

 

Le travail de la terre fait partie de la vie monastique. Les vastes propriétés du monastère s'étendent des cimes des collines environnantes jusqu'au littoral méditerranéen, et permettent de cultiver des fruits et des légumes variés excellents, en plus permettre des recherches agronomiques.

 

Cessions foncières de terres monastiques aux fermiers : une aide authentique

 

La mission du monastère ne s'est point limitée à cultiver la terre. Elle a pris une dimension sociale puisqu'une partie des terres du monastère a été cédée en toute propriété aux fermiers. Les moines les ont aidés à construire leurs propres maisons et les ont encadrés pour gérer leurs terres dans le cadre d'un programme socio-économique spécialisé.

Ainsi, à l'initiative des moines, ces propriétés se sont détachées du monastère pour fonder, par la suite, des villages à part entière : Aarhet Qozhaya, El-Fradiss, El-Nahr, I lawqa, Bayader Rachiine, Rouweysat etc.

 

 

 

 

www.qozhaya.com